Roland Chanconnier dit CHANCO
est effectivement un peintre tourangeau et même du Sud Touraine.
Quand j’ai lu cette information pour la première fois, j’ai du vérifier cette donnée, car je n’en avais JAMAIS entendu parlé.
Je lisais : « Chanco est né à Reignac le 5 Février 1914»
Était ce possible que ce soit notre petite commune de Reignac-sur-Indre et que personne n’évoque jamais ce peintre incroyable ?
Effectivement !
CHANCO est né et a vécu jusqu’à une quinzaine d’années dans notre charmant village du bord de l'Indre.
Alors à l’invitation de la mairie de Beaulieu-lès-Loches de venir découvrir les œuvres de ce peintre 🧑🎨 j’étais conquise.
Chanco, naissance d’un peintre en Sud Touraine :
Mais il fallait que je fouille car ma curiosité était aiguisée ! Où était-il né à Reignac ? Car pour ceux qui connaissent cette commune elle n’est pas très grande.
Un seul site les archives numériques de Touraine où j'apprenais qu'il était né dans le bourg, mais rien de plus.
C'est ainsi que démarre l'incroyable vie artistique de Rolland Chanconnier car pour le moment il n'est pas encore Chanco. Cependant déjà le dessin le passionne.
En 1928, à Loches alors qu'il n'est âgé que de 14 ans, il remporte le premier prix du jury lors d'une exposition.
Il part alors pour Paris à l’âge d’une quinzaine d’années pour y faire ses études où il s’inscrit à l’atelier de sculpture de Marcel Gimond.
Mais il revient rapidement à son premier amour : la peinture.
Il s'installe dès lors sur la butte Montmartre. C'est une époque assez particulière pour lui où il côtoie notamment Gen Paul.
Il rencontre pour la première fois Picasso, un après-midi, Rue des Saules, non loin du Bateau Lavoir où il avait planté son chevalet.
De ces années parisiennes, Chanco dira dans une interview donnée à la Nouvelle République le 1er juillet 2014 :
"J'étais gosse et je les considérais comme mes maîtres. On buvait un café ou un coup de rouge mais c'était des gens très simples."
Né durant la première guerre mondiale, la seconde guerre arrive et bouleverse sa peinture.
C’est l’arrivée de sa « période noire ». Des toiles très sombres cernées de noires. Il s'affranchit donc de son premier style de peinture et délaisse ces peintures de paysages.
En 1947, il quitte ainsi Paris pour le Sud De la France et plus particulièrement la côte d’Azur, lieu de prédilection pour les artistes.
Sous l'influence du climat et de les teintes que lui offre la vie méditerranéenne, la palette des couleurs de son art s'éclaircit.
Il y retrouve son ami Picasso et y côtoie d’autres célébrités comme Miro, de Lurcat, de Cavailles, de Limouse, de Cocteau et de Prevert.
Picasso disait de lui qu’il aimait son style personnel
Dans les années 50, il quitte l'effervescence de la côte et se concentre de nouveau sur ses toiles aux personnages anatomiquement incorrectes, si riches qu'elles peuvent se comparer à de véritables vitraux polychromes.
Les couleurs des oeuvres de Chanco provoquent et laissent stupéfaits.
Des bleus cobalt ou azur, des rouges de fer à souder, des jaunes de maïs doré, des verts Veronese.
En 1951, il s'essait à la poterie, à Vallauris où il y rencontrera Marc Chagall et le peintre américain Bob Ebers.
Entre 1952 et 1958, ses recherches l’emmène vers l'abstrait et le conduisent à rehausser ses peintures de collages (tels des bribes de journaux dans la gouache-pastel L'homme à l'imprimé, 1952, des fragments de tissus et de papiers peints dans la toile Femme se peignant, 1956)
En 1960 : quelque chose arrive et qui reste encore aujourd'hui du mystère.
Il détruit pratiquement tout ce qu'il a produit depuis sa période parisienne. Ainsi, par un autodafé, c'est 30 ans d’œuvres artistiques qui disparaissent presque en totalité.
Chanco prend également la résolution de ne plus vendre et de continuer à peindre en amateur. Il exerce donc en parallèle une activité d'audioprothésiste à Nice.
Il estime qu'un artiste qui ne peut se renouveler est prisonnier de son de lui-même, c'est dans la diversité d'expression que la personnalité s'établit.
Toujours dans son interview donnée à la Nouvelle République en juillet 2014 il dira :
"... mais je continuais à peindre en amateur. J'accumulais et quand j'ai trop, je détruisais"
C'est ainsi que naît sa période "caléidoscopique"
Une période constituée d'œuvres étranges et superbes : marionnettes disloquées et masques insolites, totems venus d'ailleurs et motifs géométriques, s'étalant sur des toiles aux couleurs vibrantes.
" C'est en regardant dans un caléidoscope que ça m'a donné l'idée de faire la même chose. Je ne fais d'effort, ça vient naturellement, je ne cherche pas à comprendre"
Chanco s'adonne, jusqu'à la veille de sa mort en 2017, à sa passion.
Dans les années 80 : une exposition d'une année présente son oeuvre au Japon à la Japan International Artist Society.
En 1980, il devient membre de l'académie européenne des sciences, des arts et des lettres (AESAL)
En 1986, pour la première fois, il met aux enchères des peintures et dessins, très bien accueilli par les collectionneurs et les professionnels du marché de l'art. Ainsi, jusqu'en 2008 il réalise différentes ventes publiques partout en France.
A partir des années 2000, vont être édité 5 catalogues raisonnés qui regroupent l'intégralité de son œuvre.
En 2008-2009 : A Vallauris, la Galerie Événement édite 10 céramiques en 3 dimensions à partir de peinture de Chanco des années 60 à 70.
En 2013, Chanco est classé parmi le Top 100 des artistes français vivants selon lemagazine Art Culture de nov-dec2013 N°89.
Il meurt le 11 juillet 2017 après une exposition rétrospective de 1937 à 2016 réalisée Place des Vosges à Paris par le galeriste Michel Estade.
Une exposition à voir jusqu’à fin septembre à Beaulieu-lès-Loches :
Exposition gratuite.
Les toiles et dessins de cette exposition sont exposées par son neveu légataire de son œuvre qui met son énergie à nous faire découvrir ce peintre tourangeau que nous ne connaissons pas assez.
👉 Du jeudi au dimanche 16-19h
Salle Carroir des Templiers
Wikipédia
Mairie de Beaulieu-lès-Loches
Nouvelle République 37
Archives départementales d’Indre-et-Loire
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